PressOpinion

Mali : une trentaine de morts dans des violences entre Peuls et Dogons dans le centre du pays

ATTENTION EDITORS - VISUAL COVERAGE OF SCENES OF INJURY OR DEATH A Rwandan boy covers his face from the stench of dead bodies in this July 19, 1994 file photo. April 7, 2014 marks the 20th anniversary of the Rwanda genocide which killed 800,000 people. The three-month killing spree in 1994 by Hutu extremists targeted ethnic Tutsis, but moderate Hutus were also caught in the wave of violence that followed the fatal downing of a plane carrying Rwandan President Juvenal Habyarimana. REUTERS/Corinne Dufka/Files (RWANDA - Tags: CIVIL UNREST ANNIVERSARY POLITICS) TEMPLATE OUT ORG XMIT: PXP15

Une trentaine de personnes ont péri dans des violences entre les communautés peule et dogon dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, en fin de semaine dernière. Les affrontements entre les deux communautés ont pour le moment cessé mais la tension reste vive, ce mardi.

Une mission des forces de sécurité a été dépêchée sur place par le gouverneur de Mopti. Les élus du village appellent au calme et dénoncent l’absence de l’État dans cette partie du pays. Tout a commencé vendredi 16 juin 2017, après la découverte du corps sans vie d’un Dogon à Douna, un village à une quarantaine de kilomètres de Koro, dans la région de Mopti. C’est un « banal incident » entre deux individus des communautés peule et dogon, survenu au sortir d’une foire, qui a occasionné la mort du Dogon, selon des sources et médias locaux citées par le programme radiophonique Studio Tamani

Les affrontements entre Dogons et peuls , qui ont éclaté le samedi 17 juin dans le cercle de Koro, limitrophe du BURKINA FASO  , se sont poursuivis dimanche mais le calme est revenu depuis, ont indiqué lundi soir l’armée malienne et des sources locales.

Expédition punitive

« Des cultivateurs dogons ont mené une expédition punitive contre deux villages peuls du secteur de Diankagou », a indiqué un habitant de Koro, qui a dit avoir vu de nombreux blessés grièvement touchés au centre de santé de cette localité.

Un détachement des forces de sécurité s’est rendu sur place dimanche pour « s’interposer entre les deux communautés », a-t-il ajouté. L’armée a confirmé dans un communiqué avoir mené une « mission de bons offices » après ces violences, avec pour bilan « 31 morts, dont 27 Peuls et quatre Dogons », ainsi que neuf blessés.

Les militaires « ont réuni toutes les parties [maires, chefs de village, imams, etc., NDLR] pour leur parler et les faire revenir à la raison. Les protagonistes ont promis d’arrêter les affrontements », selon le texte de l’armée.

Une violence de plus en plus présente

Les violences se multiplient depuis plus d’un an dans le centre du Mali, entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon pratiquant majoritairement l’agriculture. En mai 2016, des affrontements entre Bambaras et Peuls ont fait 24 morts et 5 blessés dans le cercle de Tenenkou. Et, en mars dernier, dix personnes avaient également trouvé la mort dans des affrontements entre chasseurs bambaras et éleveurs peuls dans le cercle de Niono. Ces violences sont attisées par l’apparition dans la région, en 2015, du groupe armé du prédicateur jihadiste peul Amadou Koufa, avec lequel les Peuls sont souvent soupçonnés de collusion.

Un fonctionnaire de Mopti, chef-lieu de région, a confirmé les faits sous le couvert de l’anonymat, se désolant d’« un événement déplorable sur fond de vengeance entre les deux ethnies qui vivent pourtant sur le même terroir ». Selon lui, « l’absence d’autorité dans cette partie du territoire à cause de la présence de jihadistes du prédicateur Amadou Koufa favorise le développement de tels comportements ».

« Cela fait fort longtemps que la question de l’eau et du foncier suscite des différends et des malentendus entre les communautés bambara et peule, l’une sédentaire, l’autre pastorale », soulignait dans un rapport, en avril, l’organisation Human Rights Watch (HRW). Mais, en raison de la prolifération de formations armées islamistes et de la militarisation des groupes de chasseurs, « ces litiges sont de plus en plus meurtriers », selon HRW.

AFP

 

Quitter la version mobile