Plus de vingt-quatre heures après le début de nouvelles mutineries, les mutins continuaient a tirer en l’aire samedi 13 mai a bouaké . Des soldats en colère bloquaient également les principaux axes de la deuxième ville du pays, ex-fief de l’ancienne rébellion.
Selon l’AFP, une personne y a gravement été blessée samedi après-midi. Des mutins se sont rendus au siège des démobilisés, d’anciens rebelles non intégrés à l’armée, avant d’ouvrir le feu contre a leur encontre « Selon eux, depuis que nous sommes sortis pour paralyser le corridor Sud (lors d’ une manifestation lundi 8 mai pour obtenir des primes), nous avons réduit leur chances d’avoir leur argent », a indiqué à l’agence de presse un démobilisé, Aboudou Diakité.
Bouaké « paralysée »
Selon l’un des habitants, les coups de feu se faisaient plus rares ces dernières heures à Bouaké. « Ce matin, nous entendions régulièrement des tirs, ça s’est un peu calmé depuis quelques heures. Beaucoup de magasins sont restés fermés aujourd’hui », a témoigné ce commerçant du centre-ville, joint par téléphone samedi après-midi.
Contacté samedi matin, un autre habitant de Bouaké décrivait une ville « paralysée ». « Il y a beaucoup moins de circulation qu’hier, les corridors sont fermés pour le moment et on entend encore de temps à autre des tirs. L’activité est paralysée, il y a des barrages sur certains grands axes comme celui qui mène au campus », affirmait-il.
« Sanctions disciplinaires sévères » en cas de nouveaux tirs
La veille au soir, le général Sékou Touré, chef d’état-major, avait pourtant mis en garde les mutins, les menaçant de « sanctions disciplinaires sévères » en cas de nouveaux mouvements d’humeur.
« Tout militaire se livrant à des actes répréhensibles s’expose à des sanctions disciplinaires sévères », déclarait le général lors d’une déclaration retransmise vendredi soir à la télévision nationale.
« Le gouvernement a choisi la fermeté. Il n’y a rien à négocier. L’ordre sera rétabli », avait également affirmé vendredi le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, contacté à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS).
Retour au calme à Man, calme précaire à Korhogo
Si ces avertissements ont semble-t-il calmé la colère des mutins à Man, dans l’ouest du pays où la situation s’était normalisée dès vendredi soir selon des habitants contactés par téléphone, les casernes grondaient toujours dans d’autres villes du pays.
Selon des sources diplomatiques jointes samedi matin, les soldats étaient sortis de leurs casernes et des tirs ont été entendus à Korhogo, Odienné, mais aussi à Daloa. À Korhogo, les tirs semblaient toutefois avoir cessé. « Nous n’avons plus entendu de coups de feu depuis midi, il n’y a plus rien depuis dans le centre-ville », a affirmé un « démobilisé » établi à Korhogo et contacté en fin d’après-midi.
« Nous avons été trahis »
Les mutins ne décolèrent pas depuis l’annonce de leur « renoncement à toute revendication d’ordre financier » faite par le sergent Fofana, presenté comme l’un de leurs porte parole lors d’une ceremonie enregistrée au palais presidentiel et retransmise jeudi soir à la télévision nationale. Loin de clore le mouvement d’humeur dans les casernes, cette declaration a au contraire ravivé la colere des mutins .
« Nous ne savons même pas qui est ce sergent Fofana », déclarait hier à Abidjan l’un des mutins posté devant l’état-major des armées, corroborant les affirmations d’autres soldats. « C’est terminé, nous n’avons plus de représentants, nous avons été trahis », poursuivait ce dernier, réclamant comme d’autres le paiement de reliquat de primes.
« En janvier, nous avions reçu 5 millions de francs CFA, et on nous avait promis 7 autres millions versés par tranches de un million à partir de juin », déclarait vendredi midi l’un des mutins, un sergent de 28 ans de l’Unité de commandement et de soutien (UCS), également posté devant l’état-major. « L’argent ou rien », renchérissaient à ses côtés d’autres mutins.
Retour au calme à Abidjan
Quelques heures plus tard, un important déploiement sécuritaire les poussaient à regagner leurs casernes, sans heurt apparent. « Il n’y a pas eu d’affrontement », expliquait l’un des soldats en colère. Depuis vendredi soir, le calme était revenu devant le ministère de la Défense et au camp Gallieni, situés dans le quartier des affaires du Plateau.
Samedi matin, les mutins y étaient toujours invisibles. « Il y a encore quelques très rares tirs, mais les mutins ont regagné les casernes », expliquait samedi midi un haut-gradé croisé devant le ministère de la Défense. Avant de poursuivre : « Désormais, nous attendons, nous ne savons pas ce qu’il va se passer. »
Par claire rainfroy et vincent duhem – à Abidjan /