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Présidentielle française : « L’affaire Le Roux risque de renforcer l’abstention »

Après l’affaire Penelope Fillon, le Parquet financier s’intéresse à Bruno Le Roux, qui a employé ses filles, lycéennes puis étudiantes, à l’Assemblée. « Cette affaire risque de perturber la campagne », selon le politologue Bruno Cautrès.

Vingt-quatre heures après les révélations du Quotidien, l’émission de TMC, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a annulé tous ses rendez-vous, mardi 21 mars, pour répondre à la convocation de Bernard Cazeneuve. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire, mardi, sur les 24 CDD cumulés par les deux filles de l’ancien député PS de Seine-Saint-Denis, en tant qu’attachées parlementaires entre 2009 et 2016. Chercheur au Centre d’études de la vie politique française (Cevipof), Bruno Cautrès commente les effets de cette nouvelle affaire sur la campagne présidentielle.

Ces révélations concernant Bruno Le Roux peuvent-elles perturber la campagne présidentielle, déjà fortement ternie par l’affaire Penelope Fillon ?

Bruno Cautrès : Cette affaire va renforcer la sidération, voire le dégoût, d’une partie de l’électorat français vis-à-vis de la classe politique. Les électeurs vont réagir de deux façons possibles : soit ils vont vouloir se tenir à distance, ce qui va renforcer l’abstention ; soit ils vont avoir tendance à se tourner vers les candidats qui se positionnent comme anti-sytème, c’est-à-dire Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Cette affaire peut-elle profiter au camp de François Fillon ?

C’est une vraie question : au sortir de la primaire de la droite et du centre fin novembre 2016, l’électorat de droite voyait la victoire à la présidentielle à portée de main. Mais il a perdu toute illusion en l’espace de quelques mois. Avec le Penelopegate, l’image du candidat Les Républicains a été fortement égratignée au point d’être distancié de 8 à 9 points dans les sondages. Cela s’annonce difficile à rattraper. Mais avec l’affaire Le Roux, l’électorat de François Fillon va-t-il relativiser par rapport à son propre candidat et retrouver le goût de la mobilisation ? C’est un effet qui est, pour l’heure, difficile à évaluer.

Cela dépendra en partie du comportement de François Fillon. S’il rejoue la scène du grand psychodrame de l’homme traîné dans la boue, cela ne devrait pas marcher. En revanche, s’il mise sur le contenu de son programme, tout est possible.

Comment le gouvernement et le candidat socialiste Benoît Hamon vont pouvoir gérer cet épineux dossier à un mois de l’élection présidentielle ?

Dans un premier temps, Benoît Hamon va devoir se positionner sur ce dossier. Il n’a pas le choix car Bruno Le Roux a été président du groupe PS à l’Assemblée nationale. Reste à voir comment il se positionne.

Ensuite, le gouvernement peut utiliser cette affaire à des fins stratégiques en poussant notamment Bruno Le Roux à la démission. La gauche pourrait faire de cette affaire un exemple pour nuire à François Fillon.
AFP

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