La dernière rencontre des hommes avait eu il y a près de six mois. Ado et Bédié s’étaient alors entretenus le 31 octobre 2017, à la résidence abidjanaise du présidnet du PDCI-RDA.
Reçu au palais de la présidence de la République, Henri Konan Bédié s’est entretenu avec le Présidnet Ouattara ont adopté ce mardi soir le ‘’principe de l’accord politique pour la création d’un parti unifié’’, qui conservera la dénomination du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), selon les termes du communiqué final rendu public et dont Oeil d’Afrique a reçu copie.
Si l’annonce de la création d’un parti unifié n’a pas surpris les observateurs de la politique Ivoirienne, elle souleve pourtant des interrogations dont la principale est la date de la création de cette nouvelle grande famille. Le parti unifié sera-t-il créé avant où après la présidentielle de 2020 ?
Sans une date de mise en œuvre clairement indiquée dans ce communiqué, il apparaît indubitablement que le désaccord entre les deux leaders de la famille politique des Houphouetistes est persistant et peut-être profond.
Au-dela de ce qui s’apparente à un effet d’annonce, certaines indiscrétions rapportent que le président Ouatarra aurait juré de ne pas recevoir Henri Konan Bédié avant la nomination du prochain gouvernement. La pression de certains chancelleries aurait-elle suffit pour emmener le présidnet Ivoirien à revoir sa stratégié ?
Au parlement, Guillaume Soro, président de l’institution a salué cette rencontre et s’est rejouit du maintien du dialogue comme « le maitre-mot » et invite les présidents Ouattara et Bédié a poursuivre ces pourparlers dans le sens de l’inclusivité.
Idéologie : libérale, républicaine et laïque
Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix – nom du futur parti unifié –, qui était jusque-là un groupement politique, devrait être, dans un premier temps, une fédération entre ses six partis fondateurs : le Rassemblement des républicains (RDR d’Alassane Ouattara), le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI de Henri Konan Bédié), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI d’Albert Toikeusse Mabri), l’Union pour la paix en Côte d’Ivoire (UPCI de Brahima Soro), le Parti ivoirien des travailleurs (PIT de Joseph Séka Séka) et le Mouvement des forces d’avenir (MFA d’Azoumana Moutayé).
Le RHDP adhère à l’idéologie du libéralisme économique et est résolument attaché à la forme républicaine et laïque de l’État
Ce n’est qu’au terme d’un processus compris entre douze et dix-huit mois que le RHDP doit se transformer effectivement en un parti unifié.
Selon ces statuts, qui doivent être signés par les présidents des partis fondateurs, « le RHDP adhère à l’idéologie du libéralisme économique et est résolument attaché à la forme républicaine et laïque de l’État et à son contenu démocratique ».
Symboles : un bélier et les couleurs nationales
Toujours selon les statuts, le RHDP aura pour symbole un bélier – une referencea felix houphouet boigny , premier president de la cote d’ivoire , dont le nom, Boigny, signifie « bélier » en baoulé – dont se réclame la mouvance présidentielle du RHDP, créée en mai 2005.
Les couleurs du futur parti seront le blanc, le vert et l’orange, comme celles du drapeau national.
Organisation calquée sur le PDCI
Le comité de haut niveau présidé par Daniel Kablan Duncan, vice-président de la République et vice-président du PDCI, et co-présidé par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, premier vice-président du RDR, a proposé la mise en place de divers organes, généralement copiés sur l’organisation du PDCI.
À la base, on trouve ainsi les comités de quartier ou de village, les sections, les délégations sous-préfectorales ou communales, les délégations départementales, les coordinations régionales – ou de district – et enfin la délégation extérieure pour les adhérents de la diaspora.
Les organes centraux, quant à eux, seront le congrès, désigné comme l’organe suprême ; la convention ; le(s) président(s) d’honneur ; le président ; le secrétariat général ; le bureau politique et le grand conseil.
Un comité de direction, calqué sur le modèle du RDR, jouera le rôle de « gouvernement » du RHDP. Ce comité sera composé, notamment, du président, des vice-présidents, du secrétaire général et de ses adjoints.
Discipline et sanctions
Tirant sans doute des leçons des victoires de plusieurs candidats indépendants face aux candidats du RHDP lors des législatives de 2016 et des sénatoriales de 2018, ainsi que des déclarations hostiles au RHDP de la part de personnalités politiques issues du PDCI, tel Jean-Louis Billon, les rédacteurs des textes du parti unifié ont introduit un article sur la discipline.
« Sont interdits et sanctionnés, notamment, les actes ci-après : déclarations contre le parti ou les décisions prises par le parti dans la presse écrite ou audiovisuelle ou à l’occasion d’un rassemblement de militants, au nom du parti et sans son aval ».
Une interdiction qui pèse sur tous les membres du parti : « Peu importe que ces déclarations émanent d’un responsable d’une instance dirigeante ou d’un militant de base, candidatures indépendantes contre des candidats investis par le parti, manquement à l’honneur et à la probité », précise le document.
Les contrevenants s’exposeraient à un avertissement, un blâme, une suspension ou même une exclusion temporaire, voire définitive.
Des questions en suspens
Si le comité de haut niveau a adopté les différents textes – manifeste, statuts et règlement intérieur –, plusieurs questions restent posées. Sur le plan idéologique, l’adhésion de partis de gauche comme le PIT aux principes du libéralisme économique semble ainsi surprenante.
Sur le plan de la composition du bureau politique, les textes n’ont pas tranché. De même que pour le nombre de personnalités issues de chaque parti politique devant siéger dans les structures de base et les organes de direction.
La question de la présidence du futur RHDP continue de fâcher Bédié
L’absence de précision sur ces points dans les documents inquiète les « petits partis » composant la coalition. L’UPCI, qui a des élus au Parlement, avait ainsi souhaité disposer d’au moins un poste de sénateur, sans avoir été entendue. Le parti d’Albert Toikeusse Mabri souhaite que les deux grands partis, le RDR et le PDCI, soient les premiers à prononcer leur dissolution avant que les « petits partis » ne leur emboîtent le pas.
De son côté, le MFA reproche à certains de ses alliés d’entretenir la division interne à des fins personnelles. En effet, alors qu’Azoumana Moutayé, le président du MFA, soutenu par Alassane Ouattara, a paraphé le manifeste, le Premier ministre Gon Coulibaly porte son choix sur un dissident du parti.
Enfin, la question de la présidence du futur RHDP continue de fâcher Henri Konan Bédié, en dépit de l’accord qu’il a signé avec Alassane Ouattara le 10 avril. Il serait en effet confiné dans un rôle, taillé sur mesures, de président d’honneur « attribué aux anciens présidents de la République ».
De son côté, ADO pourrait prendre la présidence du parti et aurait alors la possibilité de « nommer, après accord du bureau politique, un président délégué pour le suppléer dans ses attributions et tâches quotidiennes ». Autant de questions qui devraient animer les discussions d’ici à la signature de la version définitive du texte.
presse opinion :Vabe Charles