Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, est sous contrôle judiciaire et inculpé dans une affaire de viol présumé, mais il crie au complot ourdi par Macky Sall pour l’écarter de la prochaine présidentielle. Son arrestation a déclenché de violentes émeutes ces dernières semaines au Sénégal. L’opposant a rendu visite aux organisations qui l’ont soutenu.
Dans le cadre de sa tournée de remerciement de toutes les organisations qui l’ont soutenu après son arrestation il y a deux semaines, l’opposant sénégalais a rendu visite mardi au mouvement Frapp-France dégage, dont le leader Guy Marius Sagna est actuellement incarcéré. L’occasion pour Ousmane SONKO de faire une mise au point alors qu’il a souvent surfé sur un sentiment anti-France dans ses discours. « J’ai toujours dit que nous n’avons pas de problème avec la France et qu’aujourd’hui, il faut poser la question simplement de manière générale en termes de relations équilibrées avec nos partenaires, a-t-il déclaré, comme le rapporte notre envoyée spéciale à Dakar, Carine Frenk. Je crois que nous avons des acteurs politiques français qui tiennent ce discours autant que nous le tenons. Nous avons une amitié des peuples. Donc nous ne sommes pas dans cette logique et nous voulons lever ces amalgames qui peuvent être perçus comme une animosité dirigée contre un pays ou un peuple, ce qui n’a jamais été le cas. »
Ces dernières semaines, le Sénégal a été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, de pillages et de saccages après l’arrestation de l’opposant, arrivé troisième de la présidentielle de 2019. Des émeutes au cours desquelles des enseignes françaises comme des supermarchés Auchan ont été pillées, vandalisées ou saccagées. « Ces enseignes françaises n’ont pas été attaquées avec des motivations politiques, a assuré Ousmane Sonko. Je crois que les casseurs sont partout et quand des gens profitent de ces situations pour casser, c’est parce qu’ils ont faim et ils vont là où il y a l’abondance. À la base, il peut y avoir quelques motivations idéologiques, mais ce n’était pas notre combat à nous et nous le déplorons, comme toutes les casses qu’ont subies les Sénégalais. »
Khalifa Sall appelle à une union de l’opposition
Ousmane Sonko a également rendu visite à Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, qui avait été condamné en 2018 pour détournement de fonds publics, puis gracié par le chef de l’État en septembre 2019. Depuis, Khalifa Sall était resté discret. Mais après les récents événements, puis lasuspension de la mobilisation apres des mediations notamment de guides religieux, il appelle à une union de l’opposition, rapporte notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac. « De 2012 à maintenant, qu’on me dise quels sont les leaders de l’opposition qui n’ont pas encore été en prison ? Ça suffit ! A-t-il lancé. On ne doit pas désespérer de ce pays puisqu’il existe des ressorts grâce auxquels à chaque fois qu’on est au bord du gouffre, du précipice, on sait toujours s’arrêter. Mais ce n’est pas la fin. Et ce que nous vivons aujourd’hui, c’est le point d’un nouveau départ pour que la démocratie en consolidation puisse continuer à s’améliorer, à s’exercer pour tous et par tous. Il faut que nous continuions le combat, que nous restions vigilants. L’opposition sénégalaise a compris sa part, elle est en train de construire ses actions. Cela a pris du temps, elle y parviendra. Quand il y a une majorité qui se conforte, qui se consolide et qui s’élargit, il faut une opposition qui s’unit et qui se renforce, qui est puissante et forte. »
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