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Sénégal: quatre morts dans des manifestations, le mauvais signal de Macky Sall à l’Afrique

Au moins quatre personnes ont perdu la vie depuis le début des manifestations à Dakar, la capitale et d’autres villes du Sénégal, après la convocation de l’opposant et leader du Pastef, Ousmane Sonko devant la justice. D’importants dégâts matériels et de nombreux blessés ont été enregistrés. Jusqu’à présent, le président Macky Sall qui doit présider l’Union Africaine dans un an, s’emmure dans le silence.

Quatre personnes sont mortes au Sénégal dans les affrontements ayant opposé depuis mercredi les forces de l’ordre à des manifestants réclamant la libération de l’opposant Ousmane Sonko. Vendredi soir, dans une déclaration faite à la télévision publique (RTS), le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome a indiqué que le gouvernement va mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour ramener l’ordre. Il a ajouté que ces manifestations «de nature terroriste » ont le «soutien de forces occultes non identifiées». 

 Le ministre de l’Intérieur a d’abord chargé le leader du parti de l’opposition d’avoir «par des messages répétés lancé des appels à la violence, à l’insurrection et à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat», après les accusations de viol et menaces de mort dont il est poursuivi devant la justice par une jeune femme de 20 ans.

De  son côté, Ousmane Sonko qui est gardé à vue à la Section de recherche de la gendarmerie, a nié dans une série de déclarations les faits qui lui sont reprochés. L’opposant soutient que c’est un complot ourdi par Macky Sall visant à l’écarter de la course à la présidentielle de 2024, comme il l’a fait dans les précédentes élections avec Khalifa Sall et Karim Wade, tous membres de l’opposition emprisonnés durant des années.

Inquiétudes de l’ONU et mutisme du syndicat des chefs d’Etat

Ces manifestations tous azimuts dans plusieurs villes du Sénégal, occasionnant des pillages, une coupure de signal de certains organes de presse et des morts ne resteront pas une date des plus glorieuses de l’histoire politique du Sénégal. Les Nations Unies ont, par le biais de leur représentant en Afrique de l’Ouest et du Sahel, déploré les actes de violence avant d’appeler tous les acteurs à la retenue et au calme. Le chef du bureau de l’Onu pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas a exhorté le gouvernement du Sénégal à «prendre les mesures nécessaires pour apaiser la situation et assurer le droit constitutionnel de manifester pacifiquement». D’autres organisations comme Amnesty International ont appelé les autorités sénégalaises à un arrêt des « arrestations arbitraires d’opposants et d’activistes ». 

Pour le moment, ni la CEDEAO ni l’Union Africaine, des organisations dont le Sénégal est membre, n’ont encore réagi. Pourtant, il n’y a guère longtemps, tout au début de cette affaire de mœurs suivie de l’arrestation de Ousmane Sonko, le Président Macky Sall se félicitait auprès de ses homologues africains du choix du Sénégal pour diriger l’Union Africaine pour la période 2022-20023. Conscient et ayant espoir qu’il a une belle carte diplomatique à jouer en Afrique pour faire monter sa cote avant la présidentielle prévue en 2024. Mais, voilà que celle-ci est en train de dégringoler.

Et si parmi ses objectifs, l’union AFRICAINE  revendique « une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d’Etat de droit », Macky Sall doit d’abord s’appliquer ces principes avant de prendre la relève de l’actuel président de l’UA, République démocratique du Congo, FELIX TSHISEKEDI . Avant de présider les destinées de l’UA, le président sénégalais devrait avant tout être irréprochable en matière de respect de bonne gouvernance, de démocratie, et particulièrement du respect des droits de l’homme, de justice et d’Etat de droit. Environ 10 mois avant de prendre la présidence de l’UA, Macky Sall doit pouvoir se ressaisir pour ramener le calme face aux manifestations contre son gouvernement. Cela pourra prouver son leadership, s’il en reste encore, et prouver à la face du monde que le Sénégal reste et demeure ce modèle de démocratie longtemps cité en exemple. Savoir respecter son opposition tout en lui assurant une certaine dignité est une façon de se respecter soi-même.

 Mais, avec des mandats sans fin, il y a toujours des fossoyeurs de la démocratie qui ont une emprise sur l’instance panafricaine. Les dirigeants africains, à quelques exceptions près, sont tous solidaires. Des termes définissent bien cette solidarité entre eux : « le syndication des chefs d’Etat ». Aucun président africain n’entend pour le moment s’immiscer dans ce qu’il se passe au Sénégal. 

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