PressOpinion

Si Gbagbo a été extradé à la CPI, c’est parce que Bédié y a contribué »

Jean Bonin Kouadio, cadre du FPI proche de la tendance pascal affi N’guessan, n’a pas mâché ses mots pour apporter la réplique à Gnamien Yao. L’ancien ministre et cadre du PDCI-RDA, s’était invité dans la crise qui a cours au sein du FPI, prenant position pour la dissidence du parti dirigé par l’ancien Premier ministre. « Affi N’Guessan est un homme seul qui veut se donner de la contenance », avait-il déclaré.

Jean Bonin à Gnamien Yao:  » Le président Affi n’est pas ton camarade de jeu. Ressaisis-toi »

Tres cher aîné,

S’il y a une constante qu’on observe chez les repentis absous, c’est leur zèle et leur propension au griotisme. En adoptant cette posture reptilienne, ces partisans de la reptation espèrent ainsi conjurer le mauvais sort qui les hante. Malheureusement, comme une fatalité, mon frère Gnamien Yao n’échappe pas à cette règle.

En effet, tel un courant d’air, Gnamien Yao, transparent et éphémère ministre d’un semestre sous le président Gbagbo s’est permis dans une lettre d’un niveau de langage approximatif et à la hauteur de ses nouvelles charges de « Grand » conférencier du PDCI , de traiter le président Affi N’Guessan de tous les noms d’oiseaux. Ils n’ont pourtant pas élevé les cochons ensemble.

Nicolas Boileau disait que « ce que l’on conçoit bien, s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Manifestement, l’esprit de synthèse n’est pas ce qui caractérise mon aîné Gnamien Yao qui aura eu besoin de « coucher » sur pas moins de 6 pages ses attaques “en dessous de la ceinture” contre le président du FPI.

Cher aîné, cher frère,

J’aurais pu répondre, point par point, à tes injures contre le président Affi. Cependant, mon éducation ne me le permet pas. Par ailleurs, la vacuité des arguments que tu as développés dans ta lettre ne méritaient pas outre mesure que je m’y attarde. Permets-moi cependant, une fois n’est pas coutume, de prodiguer à l’aîné que tu es quelques conseils d’usage.

Vois-tu, le PDCI attend de toi, son « grand » conférencier, que tu lui ressasses ses heures de gloires perdues. Au lieu de cela, tu choisis de te vautrer dans les immondices des invectives publiques. Quand on a occupé de hautes fonctions dans l’administration publique, la sagesse commande qu’on fasse preuve d’un minimum de retenue, surtout lorsqu’on est diplomate.

Cher frère,

Fais preuve d’introspection, de contrition et cherche à exorciser les démons qui t’assaillent. Insulter le Président Affi comme tu l’as fait est peut-être pour toi un exutoire mais, crois-moi, cela ne suffira pas à blanchir la page sombre de ton parcours politique que tu as toi-même écrit à l’encre indélébile de la traîtrise à la cause des tiens et de ta formation politique que tu as sans complexe renié pour l’adversaire. N’est-ce pas cette attitude de chacal qui t’a valu d’être éjecté comme un pestiféré du PDCI en 2009 par le Président Bedié ? Il te faudra proférer plus que des injures pour que tu gagnes à nouveau la confiance des tiens. Ils savent bien que qui a déjà trahi trahira.

N’aies pas la mémoire poreuse. As-tu oublié que, comme Pierre, avant même le chant du coq tu avais renié 3 fois le PDCI et Bédié au nom de l’impérieuse nécessité de remplir ta panse à la soupe de la refondation. N’est-ce pas ce reniement du président Bedié dont tu chantes aujourd’hui les louanges qui t’a valu, toi l’auto proclamé “ homme de grande foi”, d’être nommé par le président Gbagbo le Directeur National Adjoint de sa campagne en charge de la diaspora ? Est-ce que je me trompe très cher président du mouvement “Tous pour Bedié, Bedié pour Tous ?”.

Cher aîné,
Comment peux-tu naïvement croire que ce sont tes injures contre le Président Affi qui te vaudront l’absolution et la rédemption après lesquelles inconsciemment tu cours vainement ? Ne t’y méprends pas, ton premier juge c’est d’abord ta conscience.

Tu le sais mieux que quiconque, les hommes pardonnent mais n’oublient pas. Tes amis du PDCI n’ont pas oublié que toi qui te permet de douter du sérieux du président Affi, il a suffi que GBAGBO  tombe pour que, la queue entre les jambes et toute honte bue, tu rampes faire allégeance à Bedié que, urbi et orbi, tu traitais pourtant “d’homme du passé et dépassé”. Quelle indignité ! Il y a au moins une chose que je te reconnais, c’est cette faculté que tu as de dire une chose le matin et son exact contraire le soir. Chapeau l’artiste !

Cher frère,
Quand tu as posé un acte de reniement et de lâcheté envers les tiens, faire profil bas est ce qu’il y a de mieux à observer plutôt que de s’attaquer à autrui sur une thématique dont tu es la parfaite antithèse. C’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Récemment, tu t’illustrais déjà de la plus mauvaise des manières en t’en prenant à Jean-Louis Billon, puis à Adjoumani et enfin à Ahoussou Jeannot. Aujourd’hui c’est Affi N’Guessan qui est ta cible. Ils doivent être particulièrement coriaces les démons qui te tourmentent.

Que veux-tu finalement que la conscience collective ivoirienne retienne de ton passage sur le plancher des vaches ? Que tu excelles dans le « gâte-gâte » comme le font les élèves dans nos collèges et lycées ?

Cher aîné,

Ma génération, celle qui suit la tienne, attend de toi que tu sois un exemple de vertu, de probité et de compétence et non une girouette politique et un laudateur sans foi ni loi, uniquement mû par ses ambitions carriéristes et son rêve d’être renommé un jour ministre. Nous attendons surtout de toi et de ceux de ta génération que vous soyez les modèles qui tracent les sillons qui réhabiliteront la politique dans notre pays. Ce beau pays dans lequel, à cause de vos vagissements de ventriloques, la politique a fini par perdre toute sa noblesse au profit des « suiveurs », dixit Bedié.

Cher aîné,

C’est dans l’air du temps. Tu peux donc toi aussi, par opportunisme, t’en donner à cœur joie en essayant d’apparaître comme un neo amoureux de Gbagbo. C’est bien qu’aujourd’hui, le PDCI et toi, vous vous érigiez en grand avocat défenseur de sa cause après lui avoir planté le poignard dans le dos. Cependant, garde toi d’insulter la mémoire de ses vrais partisans en croyant naïvement que subitement, tous, ils sont devenus amnésiques au point d’avoir oublié que si Gbagbo, que le PDCI qualifiait en 2010 de “dictateur qui s’accroche au pouvoir”, a été extradé à la CPI c’est aussi et surtout parce Bedié y a activement contribué.
Les militants du FPI ne sont pas dupes, contrairement à ce que tu penses. Tu l’apprendras bientôt à tes dépens. KKB, Banny et Essy Amara pourront mieux t’en parler, eux qui, après de multiples visites à Gbagbo à la CPI, attendaient, chacun en ce qui le concerne, qu’il appelle à voter en leur faveur lors de la présidentielle de 2015. Prenons date sur ce point.
Je ne t’en veux pas de faire des reproches à un adversaire politique, fut-il ton ex 1er ministre et ton bienfaiteur co-détenu à la prison de Bouna où il m’a été rapporté que, toi le courageux de la 25ème heure, tu chialais toutes les nuits comme une pucelle effarouchée pour ne pas que ton geôlier, « Chikito », t’exécute. Tu faisais moins le malin là !
Frère,

Parce que je ne désespère pas de la nature humaine, je sais que tu peux changer cette façon gênante que tu as de faire la politique. Tu le peux, vu que nul n’est condamné à demeurer dans la médiocrité. Comme le disait l’un de tes référents politiques, le respectable président Félix Houphouët-Boigny, dont manifestement tu n’as pas beaucoup appris : « seuls les imbéciles ne changent pas ». Alors, Yao change !

Tu dis du 1er ministre Affi N’guessan, sous les ordres de qui tu as servi comme ministre, qu’il était un 1er ministre de la rébellion. Non, cher aîné, Affi N’Guessan qui a été nommé 1er ministre après la victoire de Gbagbo sur Guéi a démissionné de son poste suite aux accords de Marcoussis, justement à cause de la rébellion.
As-tu aussi oublié qu’à cette époque, le PDCI, le parti politique dont tu te réclames aujourd’hui, convolait en justes noces avec ceux que tu qualifies de rebelles et dont pourtant le président Bédié dit aujourd’hui de leur ex-chef qu’il est son digne fils ? Quelle ingratitude de ta part !

Cher frère,

Crois-tu vraiment que tu connais Bédié ou Gbagbo plus que le président Affi ? Évidemment non. Évite donc de t’ériger en donneur de leçon car tu ne joues pas dans la même catégorie que l’honorable Affi. Tu sais, alors qu’à 60 ans tu joues encore dans la division “corpo” de la politique ivoirienne, Affi Nguessan, a 34 ans était déjà maire. Un peu plus tard il sera nommé ministre et 1er ministre à… 47 ans, avant d’être élu président du FPI à 48 ans. Sans compter qu’il a également été élu vice-président de l’international socialiste.
Affi N’Guessan est actuellement le président élu d’un Conseil Régional et député de la nation. Frère, Affi joue en champion’s league. Respecte ceux qui, à plusieurs reprises ont été des élus dans ce pays et qui ne doivent pas leur parcours politique, comme toi, aux fantaisistes nominations de circonstances qui te valent d’être aujourd’hui appelé « ministre ».

Cher aîné,

Le poids plume que tu es ne boxe pas dans la même catégorie que le poids lourd Affi Nguessan. Tu lui dois respect. Ton dernier retournement de veste ne saurait justifier la condescendance avec laquelle tu t’adresses à lui. À moins que tu ne sois un de ces hommes que le président Bedié qualifie de « suiveurs » tu gagnerais à faire l’effort de te bonifier.
Dois-je te rappeler qu’en 2016, à Dimbokro, tu as affirmé ceci : « j’ai toujours dit que je veux présider un jour le PDCI. J’ai des ambitions moi. Je veux devenir un président du PDCI ». Sauf à penser que le PDCI est la mutuelle de développent de Koffikro, est-ce avec cette culture de l’irrespect qui te colle désormais à la peau que tu comptes diriger ce grand parti politique qui t’a déjà une fois exclu pour haute trahison ? J’espère que non.

Dois-je aussi rappeler à ton bon souvenir qu’en 2010, le Bediste à géométrie variable que tu es devenu disais : « je contribuerai à la victoire de Gbagbo », « je ne voterai pas pour Bédié ». Nonobstant cela, Bedié a fait preuve de grandeur d’esprit en te réintégrant au PDCI.
De même, comme tu le fais actuellement avec le président Affi, tu faisais une campagne particulièrement odieuse contre M. Ouattara en 2010. En dépit de tes attaques gratuites contre sa personne, il t’a lui aussi pardonné et t’a même nommé Inspecteur au ministère des Affaires Étrangères. Il n’a pas tenu compte ta complaisante nomination en qualité d’ambassadeur en 2006. Autant d’attitudes humanistes qui devraient t’inspirer.

Cher aîné,

La politique est un jeu et non un amusement de cour de récréation. Tiens pour acquis que le président Affi n’est pas ton camarade de jeu. Ressaisis-toi car, qu’on le veuille ou pas, nous sommes condamnés à vivre ensemble et peut-être à nous retrouver dans une opposition unie et forte.

Ne rendons donc pas les choses plus difficile qu’elles ne le sont déjà car si par le plus grand hasard ton parti arrivait à se hisser au 2ème tour en octobre prochain, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il s’aplatira devant Affi Nguessan que tu qualifies aujourd’hui de « minoritaire » pour quémander son soutien.

Sans rancune,

Quitter la version mobile