Les rebelles tchadiens, soutenus par les pays voisins, menacent le pouvoir du président Idriss Déby, à la tête du Tchad depuis 27 ans. La capitale N’Djamena craint une guerre civile comme celle de 2008.
N’Djamena s’inquiète des rébellions qui s’agitent à nouveau aux frontières du Tchad où depuis plusieurs mois, des groupes politico-militaires au sud de la Libye et à l’ouest du Soudan tentent de se fédérer pour renverser le président Idriss Déby Itno.
« Pour ne pas paniquer la population, le pouvoir fait semblant. Mais tout le monde au Tchad sait que la situation n’est pas bonne, même au sein du pouvoir », reconnaît pourtant un officiel sous couvert d’anonymat.
Le président Idriss Déby au pouvoir depuis 27 ans
Arrivé au pouvoir par les armes en 1990, Déby garde en tête la guerre de 2005-2010 dans les confins de l’est, et surtout le raid rebelle de février 2008, quand une colonne armée venue là encore de l’est avait atteint les faubourgs de N’Djamena et manqué de le renverser.
« Il n’y a jamais eu de changement de régime sans armes » au Tchad, rappelle la chercheuse et spécialiste du Tchad Marielle Debos, qui souligne la faiblesse persistante de l’opposition civile non armée, malgré une récente montée en puissance des mouvements citoyens.
« Les rébellions d’aujourd’hui doivent être comprises dans une histoire longue d’insurrections et de répressions qui remontent aux années 1960 avec la création du Frolinat », mouvement rebelle arrivé au pouvoir en 1979 face au régime sudiste.
Héritage de l’antagonisme Nord-Sud, avec un nord nomade et islamisé, et un Sud majoritairement chrétien, animiste et sédentaire, ce groupe rebelle a marqué de son empreinte la scène politico-militaire du pays.
Comme pour le Frolinat, les groupes armés qui ont défrayé la chronique au Tchad ces trente dernières années sont issues pour l’essentiel des tribus du nord (minoritaires) : Toubous-Gorane, Zaghawa et Bideyat. Et toutes ont pris racine dans les pays voisins.
Les rebelles veulent renverser le président
Les factions rebelles qui s’activent de nouveau aujourd’hui aux frontières nord et est du pays sont pour la plupart issues de la coalition de l’Union des forces de la résistance (UFR), selon des sources concordantes.
À l’origine du raid de 2008, l’UFR est toujours dirigée par Timane Erdimi, neveu du chef de l’Etat, et Zaghawa comme lui. Erdimi vit au Qatar, pays avec lequel N’Djamena a rompu en août dernier ses relations diplomatiques pour « tentative de déstabilisation du Tchad à partir de la Libye ».
L’UFR « semble avoir repris du poil de la bête et menace de reprendre les hostilités », s’alarmait fin octobre un titre de la presse tchadienne.
Le groupe veut « rassembler l’opposition (armée) dans une plateforme politique », sans exclure « un dialogue politique sous égide internationale avec le régime de Déby », a commenté son porte-parole en exil, Youssouf Hamid. « L’objectif est de se rassembler le plus largement possible », résume-t-il, assurant que « c’est Déby qui oblige les gens à faire la guerre ».
L’opposition est soutenue par les pays voisins comme la Libye
Plus faible qu’en 2008, l’UFR n’est pas actuellement en mesure de repartir à l’offensive, selon une source proche de l’opposition armée.
Mais d’autres mouvements basés en Libye et au Darfour, issus pour la plupart de l’UFR, tentent de reformer des alliances, a appris l’AFP de sources proches de ces groupes.
Un des enjeux majeurs des discussions en cours : l’implication de ces groupes dans le conflit libyen, en particulier les alliances au cœur du désert avec les factions islamistes locales, alliances que certains rebelles tchadiens affirment rejeter.
AFP