A quatre reprises, Faure Gnassingbé s’est empressé d’adresser des messages dont la teneur reste quasiment la même, aux présidents ghanéens élus démocratiquement depuis 2005. Comme Faure Gnassingbé, son attirail se surprend aussi à célébrer les vertus de la démocratie. Chaque fois qu’un peuple expérimente une alternance démocratique. Les journalistes « maison », champions dans l’art de défendre la dictature au Togo et de défendre l’exception togolaise se prennent étonnamment d’une affection subite pour la démocratie. Ainsi donc Faure Gnassingbé aime la démocratie…A condition qu’elle soit instaurée ailleurs. A des milliers de kilomètres du Togo. Ou encore à quelques encablures de ce petit rectangle. Mais jamais sur la Terre de nos aïeux.
Incarnant l’Afrique des potentats, cette Afrique qui côtoie étrangement et sans gêne celle des espoirs, Faure Gnassingbé représente un risque pour la région ouest africaine, ses principes et ses valeurs. Disposé même à contribuer à instaurer la démocratie dans les zones où elle est menacée, Faure Gnassingbé incarne parfaitement le tyran des temps modernes, celui qui ripoline son image sur le plan international, offre d’abriter de grandes conférences internationales, se déploie inlassablement sur le plan diplomatique et force au silence la communauté internationale sur ses errements en matière de politique intérieure. Ne sont-elles pas nombreuses, ces personnalités politiques d’ailleurs qui célèbrent au superlatif et à l’applaudimètre ce qu’elles qualifient de démocratie de développement au Togo?
Manuel Valls avait heurté de front l’opinion nationale par son discours qui rimait ni plus ni moins avec une flagornerie inintelligente pour Faure Gnassingbé: « Le Togo change, il change dans le bon sens. La France croit au Togo et la France veut une relation plus forte avec le Togo », a-t- il déclaré. Ou encore : « Votre pays change, il avance, il progresse », « Il y a un Togo moderne, en renouveau », « Comment ne pas déjà ressentir les vibrations et les transformations ? », « Comment ne pas voir qu’une Afrique nouvelle se dessine et se prépare ici ? », «M. le Président, vous faites avancer ce pays avec patience, avec détermination », « Vous avez eu à cœur, et c’est comme ça que l’on reconnaît les grands dirigeants, de favoriser la réconciliation des Togolais entre eux et avec leur peuple ». Et voilà, ces personnalités mordent toutes ou presque, à l’appât. Le manège « faurique » prend. Depuis déjà 12 ans. Le drame, c’est que cette parodie démocratique a encore de beaux jours devant elle, à moins que…
Source : Meursault A., Liberté
presse-opinion.com