Un changement constitutionnel qui passe mal au togo
Alors que les regards étaient tournés vers le Sénégal, où la large victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle consacre une nouvelle alternance pacifique dans un pays considéré comme un des phares de la démocratie en Afrique, la modification en catimini de la Loi fondamentale au Togo a été largement critiquée.
Une réforme, votée le 25 mars par l’Assemblée nationale, ouvre la voie à ce que le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2005, se maintienne au pouvoir. Face à la polémique, une deuxième lecture du texte va être soumise aux députés.
L’opposition soulignait notamment que la loi, qui doit encore être promulguée, « viole » l’article 59 de la Constitution, selon lequel le mode d’élection du président de la République ne peut être changé que par voie référendaire.
Le texte adopté, qui émane d’un groupe de dix-neuf députés du parti UNIR (Union pour la République), dont certains très proches de la présidence, instaure un régime parlementaire. Il a été conçu pour renforcer le poids du chef du gouvernement, au détriment de celui du président de la République.
Ce dernier, élu « sans débat » pour un mandat unique de six ans par le Parlement réuni en congrès, n’aurait désormais plus qu’un rôle honorifique. Le vrai pouvoir serait concentré dans les mains d’un « président du conseil des ministres » désigné par l’Assemblée nationale, sans limite de mandat.
Faure Gnassingbé, « le jeune doyen »
Depuis 1967, le Togo n’a connu que deux présidents : Gnassingbé Eyadéma, ancien soldat de l’armée française porté à la tête de l’Etat à la faveur d’un putsch et qui s’y est maintenu jusqu’à sa mort en 2005, puis son fils, Faure Gnassingbé, réélu confortablement en 2010, en 2015 et en 2020.