Emerse Faé, sélectionneur de la Côte d’Ivoire : « J’ai envie de continuer ma mission, et rien d’autre »

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Emerse Faé, sélectionneur de la Côte d’Ivoire : « J’ai envie de continuer ma mission, et rien d’autre »

Entraîneur encore inconnu au début de la CAN, le technicien a été nommé sélectionneur par intérim après la déroute des Eléphants face à la Guinée équatoriale.

Il a mené les Elephants vers un troisième sacre en coup d’Afrique des nations La sélection ivoirienne était au bord de l’élimination quand il en a pris la tête, le 24 janvier, après la démission de Jean-Louis Gasset. Quatre jours après la victoire en finale contre le Nigeria, le 11 février, Emerse Faé revient sur le parcours riche en rebondissements de son équipe pendant la compétition. Et se projette déjà vers la prochaine la CAN 2025 au Maroc et la Coupe du monde, l’année suivante aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique.

La victoire des Ivoiriens en finale semblait hors d’atteinte au sortir de la phase de poule. Comment avez-vous fait pour remobiliser les joueurs ?

Il n’y avait pas trop de questions à se poser. L’équipe me connaissait, je suis membre du staff depuis juin 2022. Après la déroute face à la Guinée équatoriale, après la démission du coach, les joueurs ont compris qu’ils avaient une part de responsabilité. Ils ont réagi avec orgueil. Je n’ai pas tenu de grands discours, parce que je ne suis pas un grand bavard et qu’il n’y avait pas vraiment besoin de motiver les joueurs. Ils ne voulaient pas revivre et faire revivre aux Ivoiriens l’humiliation subie face aux Equato-Guinéens. En quatre jours, on a surtout travaillé tactiquement.

Ça a payé : on a éliminé le Sénégal, archifavori, (1-1, 5-4 aux t.a.b.) après avoir été rapidement menés au score, puis on a battu le Mali (2-1 après prolongation) alors qu’on était réduits à dix et menés à la 73e minute… Il n’y a qu’en demi-finale face à la République démocratique du Congo (1-0) et en finale qu’on a gagné avec une certaine maîtrise. Sportivement parlant, ce n’est pas si incompréhensible : la Côte d’Ivoire fait partie des meilleures sélections africaines et elle jouait à domicile.

Comment avez-vous vécu la démission de Jean-Louis Gasset et votre nomination ?

Je ne m’attendais pas à son départ. Ce fut un moment difficile pour le staff et les joueurs, car en plus d’être un très bon technicien, c’est quelqu’un de bien, d’honnête, que nous apprécions tous. J’ai beaucoup appris en étant son adjoint. Quand sa démission a été acceptée par Idriss Diallo, le président de la Fédération ivoirienne, et que celui-ci m’a demandé si j’étais prêt à prendre la relève, je n’ai pas réfléchi. Pour moi, c’était un devoir. Quand j’ai rejoint le staff en 2022, il était prévu que je devienne sélectionneur plus tard. La démission de Jean-Louis Gasset a accéléré les choses, mais je n’avais rien anticipé.

Alors que vous veniez d’être nommé, des rumeurs ont circulé sur l’arrivée possible à la tête de la sélection du Français Hervé Renard, vainqueur de la CAN avec la Côte d’Ivoire en 2015. Comme l’avez-vous vécu ?

Je ne m’en suis pas vraiment préoccupé. Je ne voulais pas me mettre de pression supplémentaire. Le 24 janvier au soir, on a appris qu’on rencontrerait le Sénégal en huitième de finale, j’avais autre chose à faire que de m’intéresser à des rumeurs. Je pense cependant que l’arrivée en pleine compétition d’une personne extérieure, certes compétente et familière de la Côte d’Ivoire, mais ne connaissant pas les joueurs, cela aurait été compliqué.

Sébastien Haller, arrivé blessé à une cheville au stage organisé à San Pedro le 2 janvier, s’est montré décisif en demi-finale et en finale. Avez-vous craint qu’il ne puisse pas jouer à cause de sa blessure ?

Non. A partir du moment où vous avez face à vous un homme honnête, il n’y a pas de problèmes. On savait qu’on pouvait le récupérer pour les huitièmes de finale ou les quarts. Il fallait l’accompagner, l’écouter, car c’est une frustration pour un footballeur de ne pas jouer. Mais il n’a jamais cherché à précipiter son retour. Il nous disait quand il se sentait capable de jouer trente minutes, une heure ou plus. C’est un grand professionnel.

Le 24 janvier, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF) Idriss Diallo avait évoqué une mission d’intérim. Mais la victoire des Eléphants laisse supposer que vous allez officiellement être nommé. Est-ce le cas ?

Nous sommes d’accord pour continuer à travailler ensemble, ce qui me semble logique. J’ai envie de continuer ma mission, rien d’autre. Nous allons prendre le temps de régler quelques détails contractuels et sportifs. Je souhaite continuer à travailler avec le même staff technique, dont Guy Demel, qui nous a rejoints le 24 janvier, et avec qui j’ai une grande proximité depuis les années où nous avons évolué ensemble en sélection. Le président Diallo y est tout à fait favorable.

Certains joueurs, dont Badra Ali Sangaré, Max-Alain Gradel, Serge Aurier et Seko Fofana, vont-ils prendre leur retraite internationale, comme les deux derniers l’ont laissé supposer ?

Il faudra discuter avec ceux qui l’envisagent. Je n’aurai pas d’arguments avec un joueur qui, physiquement et mentalement, ne se sent plus capable d’assumer à la fois les matchs avec son club et ceux avec la sélection. Les autres, bien sûr, seront sélectionnables en fonction de leurs performances en club.

La compétition est à peine terminée que la Côte d’Ivoire est déjà tournée vers les deux prochaines échéances que sont la CAN 2025 et la Coupe du monde 2026…

Ce ne sont pas deux objectifs, mais deux évidences. Nous ne sommes pas les plus beaux, nous ne sommes pas les plus forts, nous avons des choses à améliorer, nous respectons tout le monde, mais notre nouveau statut de champions d’Afrique nous oblige à nous qualifier. Au mois de mars, nous affronterons l’Argentine en match amical en Chine. Ce sera l’occasion de nous retrouver pour une rencontre de prestige. Mais en juin, nous jouerons contre le Gabon et le Kenya en qualification pour la Coupe du monde. Et ça va arriver très vite !

Alexis Billebauit