L’armée américaine a tiré 59 missiles près de Homs sur une base aérienne. Vladimir Poutine a dénoncé une « agression contre un État souverain ».

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L’armée américaine a tiré 59 missiles près de Homs sur une base aérienne. Vladimir Poutine a dénoncé une « agression contre un État souverain ».

En riposte à une attaque chimique présumée imputée au « dictateur Bachar el-Assad », Donald Trump a déclenché jeudi des frappes contre la Syrie, le président américain exhortant les « nations civilisées » à faire cesser le carnage dans ce pays en guerre. Cette première opération militaire des États-Unis contre le régime syrien a été menée avec « 59 missiles » de croisière Tomahawk, qui ont visé en pleine nuit la base aérienne d’Al-Chaayrate (province de Homs, centre).

Au moins quatre soldats syriens ont été tués, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « L’aéroport a été presque totalement détruit : les avions, le tarmac, le dépôt de fuel et le bâtiment de la défense aérienne ont été pulvérisés », a précisé à l’Agence France-Presse son directeur Rami Abdel Rahmane. « Il y a des blessés qui sont atteints de brûlures » et « des incendies que nous tentons de maîtriser », a pour sa part indiqué Talal Barazi, le gouverneur de Homs.

Événements « horribles »

Dans une adresse solennelle à la télévision depuis sa résidence en Floride, Donald Trump a expliqué que ces frappes étaient « associées au programme » d’armes chimiques de Damas et « directement liées » aux événements « horribles » de mardi. Ce jour-là, un raid imputé à l’armée syrienne contre la localité de Khan Cheikhoun (Nord-Ouest) a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants, et provoqué une indignation internationale. Les images de victimes agonisantes ont choqué le monde. Le visage grave, le président Trump a affirmé que l’Amérique était « synonyme de justice », appelant les « nations civilisées » à mettre fin au bain de sang en Syrie, ravagée par une guerre qui a fait 320 000 morts depuis mars 2011, jeté des millions de personnes sur les routes et provoqué la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.

En arrivant jeudi en Floride pour recevoir son homologue chinois Xi Jinping, qu’il a personnellement informé, Donald Trump avait encore dénoncé une « honte pour l’humanité ». Il a accusé « le dictateur syrien Bachar el-Assad [d’avoir] lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel ».

Mise en garde de la Russie

De son côté, la télévision syrienne a qualifié les frappes d’« agression ». La coalition de l’opposition politique syrienne s’en est au contraire félicitée. « Nous espérons la poursuite des frappes », a déclaré Ahmad Ramadan, un porte-parole. Le président russe Vladimir Poutine, principal allié de Damas, considère les frappes américaines contre la Syrie comme une « agression contre un État souverain » se fondant « sur des prétextes inventés », a déclaré vendredi le Kremlin, cité par les agences de presse russes. « Le président Poutine considère les frappes américaines contre la Syrie comme une agression contre un État souverain en violation des normes du droit international, [se fondant] sur des prétextes inventés », a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Mais le Pentagone a précisé que Washington avait prévenu Moscou. Avant les frappes, l’ambassadeur russe à l’ONU Vladimir Safronkov avait averti des « conséquences négatives » en cas d’intervention militaire. Il s’exprimait à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité qui n’a pas réussi, après deux jours de débat, à se mettre d’accord sur une résolution de condamnation de l’attaque de mardi. Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a accusé la Russie, alliée de la Syrie, d’avoir manqué à ses responsabilités. Il a en outre plaidé pour le départ du président Assad, alors que, il y a une semaine, il avait semblé s’accommoder de son maintien au pouvoir.

À l’été 2013, le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama, avait renoncé à frapper le régime syrien après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1 400 morts. À l’époque, le magnat de l’immobilier Donald Trump avait exhorté sur Twitter Barack Obama à ne pas intervenir en Syrie. Des responsables américains n’ont pas dit si de nouvelles frappes étaient envisagées, mais ils ont indiqué que leur réponse était « proportionnée ».

Gaz sarin

Washington a accusé le régime syrien d’avoir utilisé « un agent neurotoxique qui a les caractéristiques du sarin », selon un haut responsable de la Maison-Blanche. Le sarin est un gaz inodore et invisible. Même s’il n’est pas inhalé, son simple contact avec la peau bloque la transmission de l’influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Le régime syrien a déjà été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin le 21 août 2013 dans l’attaque de localités aux mains des rebelles en périphérie de Damas, qui avait fait au moins 1 429 morts, dont 426 enfants, selon les États-Unis.

Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a réaffirmé jeudi que l’armée de son pays « n’a pas utilisé et n’utilisera jamais » d’armes chimiques contre son peuple, « pas même contre les terroristes », expression du régime pour désigner rebelles et djihadistes. D’après lui, l’aviation a frappé mardi « un entrepôt de munitions appartenant » à des djihadistes et « contenant des substances chimiques ». Une explication déjà avancée par l’armée russe, mais jugée « fantaisiste » par des experts militaires.

« Israël soutient totalement la décision du président Trump et espère que ce message de détermination face aux agissements ignobles du régime de Bachar el-Assad sera entendu non seulement à Damas, mais aussi à Téhéran, Pyongyang et ailleurs », selon le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu informé e l’opération. « Par la parole et par les actes, le président Trump a délivré un message fort et clair : on ne tolérera pas l’usage et la propagation des armes chimiques », dit le communiqué.

AFP